Après une guerre, le sol était jonché de cadavres puants.
Le soleil activait la corruption des malheureux combattants.
Les corps mutilés doublaient de volume, empestant l’atmosphère.
Les mouches, enfin nourries, croissaient comme un nuage de poussière.
Le silence morbide est troublé par le bourdonnement des essaims ;
Corbeaux et rapaces se goinfraient en participant au festin.
De l’armée vainqueur, des soldats dépouillaient les exterminés.
Ils auront à survivre après avoir regagné la maisonnée.
De leurs sabres, ils dépecèrent les cadavres, cherchant argent et or.
Qu’importe la puanteur, si l’on trouve de quoi former un trésor !
Ils brisent les mâchoires, sortent les dentiers, détruisent les visages,
Coupent les bras pourris, sortent les bracelets, arrachent les bagues ;
Ecartent les asticots, déchirent les poches, cherchent des salaires.
Après cette œuvre macabre, Ils ont eu un butin téméraire.
Chargés comme des ânes, ils passent par la rivière pour se laver,
Extraire les restes de pourriture pour que le trésor soit purifié.
Hélas, toutes les rivières ont été utilisées comme charniers ;
L’eau visqueuse, puante est pire que tout ce qu’on peut imaginer.
Résignés et intrépides, ils suivent des sentiers, évitent les routes,
Longent les buissons, aux moindres détonations, tous se camouflent.
Ils arrivent enfin, avec leur chargement aux portes de la ville ;
Entourés par l’armée des mouches excitées qui fourmillent.
A leur vue, les survivants effarés, inquiets, se bouchent le nez ;
Leur espérance se change en terreur face au butin moissonné.
Certains, entrant chez eux, grimaçant ont vu fuir femmes et enfants.
Veillant seuls sur leurs trésors empestés, ils y restèrent en vociférant.
Peu après, commença le massacre des riches soldats en cavale ;
De leurs gros butins, l’armée en fit une récupération légale.
La richesse, le magot peuvent avoir leurs racines dans la corruption.
N’enviez pas ceux qui se pavanent devant une foule en admiration. (1)
Des peines, des chagrins et des morts forment l’habit des trésors. (2)
Des peuples sont détruits par des tyrans qui cherchent argent et or.
De l’enfer vient le désir pernicieux de dépouiller l’autre pour s’enrichir.
Gémissements et angoisses sont causés par ceux qui veulent réussir.
De grandes souffrances sont les fruits de la conquête des finances.
Acquérir, stocker, telle est la devise de plusieurs instances.
Le méchant meure en grimaçant, pensant avoir son chéquier entre ses dents.
Les saints meurent heureux, avec le souvenir du bien fait aux indigents.
Par les autorités célestes, tes possessions seront pesées, analysées.
Au jugement dernier, tu devras retrouver le butin total ramassé.
Dieu passera tous les biens de la planète à l’expertise céleste. (3)
L’argent impurs attaquera comme la plus virulente des pestes.
Hommes frères, choisissons le renoncement et la voie du calvaire.
Avant la réquisition légale, quittons les passions de l’adversaire. (4)
Au fond de l’océan, dans la vase, se trouve le trésor de la Madone,
Gardé par les crânes des moissonneurs que le destin moissonne.
Libérons notre âme du fardeau puant des biens du champ de bataille.
Dans le feu éternel, les injustices sont des dynamites autour de la taille.
Comme Moïse qui quitta l’Egypte où s’entassait l’or des nations pillées,
Sortons vers les richesses de Christ par lesquelles il fut habillé. (5)
« En ce jour-là, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés
Se dissoudront, et la terre, avec les œuvres qu’elle renferme, sera consumée ». (6)
Il est écrit : « Celui qui ne renonce à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple ».
(1) Ac 12. 20-24 ; (2) Jc 5. 1-6 ; (3) Es 66. 23-24 - Ml 4. 1-3 ; (4) Pr 1. 10 -19 - Es 14. 3- 23 ; (5) Jb 29. 14 ; (6) 2 pi 3. 10
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